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Oreille et explosion Auteur : médecin principal Philippe Rondet, médecin
principal, ORL à l'hôpital Béjin Les attentats par explosifs sont la forme la plus commune des actes de terrorisme : les lésions engendrées sont multiples n'épargnant que rarement l'appareil auriculaire. Quels sont les effets d'une explosion ? Lors d'une explosion, le matériel explosif est transformé
de façon soudaine d'un état solide à un état
gazeux avec deux phénomènes contemporains : . Une onde de pression statique ou onde de choc, qui, se déplaçant à une vitesse supersonique engendre une augmentation très brutale et très rapide de la pression ambiante responsable des effets dits de blast. Ainsi une explosion peut engendrer des lésions par projectiles et éclats, des lésions par écrasement, des brûlures et des lésions par blast proprement dit. L'oreille est concernée à tous les niveaux lésionnels et tout particulièrement par le blast. Structures de l'oreille. L'oreille est composée de trois parties : . l'oreille moyenne lui fait suite et est composée de la membrane tympanique, de la caisse du tympan et des osselets. La membrane tympanique est une membrane souple, vibrant sous l'effet des ondes sonores : elle peut être comparée à la peau d'un tambour. La caisse du tympan abrite la chaîne ossiculaire qui assure la transmission des vibrations sonores aériennes jusqu'aux milieux liquidiens de l'oreille interne. Les trois osselets qui la composent sont le marteau, l'enclume et l'étrier. Par ailleurs l'oreille moyenne est traversée par le canal de Fallope qui contient le nerf facial, nerf responsable des mouvements de la face. . l'oreille interne termine cette chaîne. Elle est
composée de deux structures appelées labyrinthes. Le labyrinthe
antérieur ou cochlée est responsable de la transformation
des ondes mécaniques sonores en potentiels électriques,
potentiels qui sont ensuite transmis au cerveau par l'intermédiaire
du nerf auditif. Le labyrinthe postérieur est quant à lui
spécialisé dans l'équilibration. Il possède
un ensemble de capteurs, sensibles à la pesanteur, aux mouvements
et aux accélérations, capteurs qui analysent en permanence
la situation de notre corps dans l'espace et renseignent ainsi le cerveau
par l'intermédiaire des nerfs vestibulaires. . Lésions de l'oreille externe . Lésions de l'oreille moyenne Lésions ossiculaires Sur le plan fonctionnel, les lésions de l'oreille moyenne se traduisent par une surdité dite de transmission : il s'agit d'un obstacle à la propagation de l'onde sonore au travers de l'appareil tympano-ossiculaire. Ces déficits auditifs sont accessibles à une chirurgie fonctionnelle : greffe tympanique, ossiculoplastie ou mise en place d'une prothèse ossiculaire. Le délai opératoire doit être suffisant pour permettre d'intervenir sur une oreille stable, exempte de processus inflammatoire. La plupart des équipes s'accordent pour opérer dans un délai de 6 à 12 mois. . Lésions de l'oreille interne Selon que le carter osseux labyrinthique est fracturé ou non, on distingue des lésions par commotion et des lésions par fracture. Les commotions labyrinthiques L'atteinte du labyrinthe antérieur, ou cochlée,
est la plus fréquente. Suite à un "éblouissement"
auditif lors de l'explosion, apparaissent des sifflements (ou acouphènes),
souvent aigus, accompagnés d'une surdité plus ou moins importante.
Il s'agit ici d'une surdité dite de perception par atteinte de
l'organe interne de l'audition par rapport aux surdités de transmission
que nous avons évoquées plus haut. Parmi les lésions
cellulaires certaines sont d'emblée irréversibles, se traduisant
par une perte auditive définitive, d'autres sont temporaires pouvant
récupérer spontanément ou, mieux, à l'aide
d'un traitement médical. Ce traitement, pour avoir une chance d'efficacité,
doit être appliqué le plus précocement possible, dans
les heures ou les premiers jours qui suivent le traumatisme. On se heurte
ici à la hiérarchisation des urgences où l'on comprend
facilement que face à des blessures organiques vitales l'urgence
auditive soit parfois négligée. Par contre les blessés
dits légers et les commotionnés présentant des signes
d'atteinte labyrinthique doivent bénéficier de ce type de
traitement. L'évolution des lésions cochléaires est
variable. Les séquelles auditives donnent une surdité définitive
qui peut être très invalidante lorsqu'elle est bilatérale.
Le seul traitement consiste alors dans un appareillage auditif. L'évolution
des acouphènes est extrêmement capricieuse : dans la plupart
des cas ils diminuent en intensité et deviennent intermittents.
Leur disparition totale demande parfois une à plusieurs années
et il faut savoir être patient. Il est indéniable que cette
évolution est également rythmée par l'état
psychique de la victime et que la prise en charge de l'un ne peut se faire
dans l'ignorance de l'autre. Les fractures labyrinthiques En conclusion nous pourrons retenir :
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