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	   Lutte contre l'oubli  " Au nom des victimes... " Au nom des victimes du terrorisme, 
		nous vous remercions Monsieur le Premier Ministre d'avoir accepté 
		de présider cette cérémonie d'hommage. Nous voici une nouvelle fois réunis autour de ce mémorial " Parole portée à la mémoire des victimes du terrorisme ", que S.O.S. ATTENTATS a fait ériger. Cette cérémonie est par votre présence, Monsieur le Premier Ministre, un hommage de la nation aux victimes du terrorisme. Depuis 30 ans, le terrorisme est responsable de 17 000 morts et de plus de 60 000 blessés. La France a été confrontée depuis 1974 à de nombreux actes de terrorisme. La liste des victimes sur le sol français ou celle des Français à l'étranger est très longue, trop longue. Il y a 13 ans, jour pour jour, 170 personnes ont été tuées dans un avion de la compagnie UTA. C'est, cette date, que nous avons retenue comme symbolique. De nombreux parents et amis de victimes sont présents aujourd'hui ainsi que des parents et victimes des derniers attentats : - celui du 11 septembre 2001, à New York, où 
		cinq Français ont été tués,  Sans oublier les nombreux blessés. M. le Premier Ministre vous souhaitez être à 
		l'écoute de la société civile, permettez-nous, donc, 
		d'aller au-delà de l'hommage aux victimes et de vous faire part 
		de nos graves préoccupations face aux menaces qui pèsent 
		sur nos concitoyens. · Notre association regroupe 1 800 victimes du terrorisme. 
		Elle a, depuis 1985, beaucoup uvré. Toutes ces actions passées se sont malheureusement heurtées à beaucoup trop d'incompréhensions. Beaucoup d'actions restent à mener. · En Europe, l'existence de frontières judiciaires 
		s'oppose au bon fonctionnement de la justice, à la lutte contre 
		le terrorisme et la grande criminalité ; elle favorise l'impunité 
		en créant des sanctuaires.  · Au plan international, le Président de 
		la République l'a répété, le 11 septembre 
		dernier, le terrorisme est un acte de barbarie. La Cour pénale 
		internationale créée depuis le 1er juillet doit être 
		un instrument de lutte contre cette barbarie. Elle doit permettre de condamner 
		tous les bourreaux, qu'ils aient commis des crimes contre l'humanité, 
		des crimes de guerre, des génocides et des actes de terrorisme. 
		Le colloque que nous avons organisé le 5 février à 
		l'Assemblée nationale devrait permettre de faire avancer la justice 
		internationale, dans le plein respect des droits de l'homme. · Aujourd'hui, 19 septembre, 13 ans, après, sont réunies des familles de l'attentat du DC 10, attentat le plus meurtrier qu'ait connu la France. Elles ont souffert et souffrent encore. Ces familles n'acceptent pas que, condamnés par la Cour d'assises de Paris, les six auteurs de cet attentat circulent librement dans leur pays. Certaines familles ont été oubliées lors des négociations menées par la France pour le règlement des indemnisations, d'autres estiment que la Libye devrait verser des dommages et intérêts punitifs et de véritables réparations. · Quatre mois après l'émotion soulevée par l'attentat de Karachi, les veuves et les orphelins des onze techniciens sont confrontés, en dépit des engagements solennels, à de graves difficultés financières. Ils ont des besoins urgents. Face à ces besoins, à ces difficultés, à l'ampleur de la tâche et au nombre des victimes, S.O.S. ATTENTATS ne peut plus, quant à elle, continuer à fonctionner dans sa forme actuelle. Depuis des années, nous attirons l'attention des Pouvoirs publics sur la nécessité de prendre en considération la cause des victimes. Souvent, nous le savons bien, nous avons suscité des inquiétudes : - Allions-nous déborder la justice, en exigeant 
		" vengeance " ? Cette crainte est sans fondement.  - Engagée sur le terrain, S.O.S. ATTENTATS fait un travail de proximité pour écouter, soutenir, aider, accompagner les victimes et leurs familles dans la durée avec des résultats et une expérience qui ne sont plus à démontrer. - Partie civile avec 190 victimes des attentats de 1995 
		à Paris, victimes des attentats du RER Saint Michel, de la station 
		Maison Blanche et du RER musée d'Orsay, notre action collective 
		au plan judiciaire favorise un meilleur fonctionnement de la justice, 
		facilite le travail des magistrats et permet à l'Etat de faire 
		une économie de plus de 2,5 millions d'Euros (16 millions de Francs). 
		Ainsi, le plus grand procès criminel, hormis ceux liés à 
		la seconde guerre mondiale, pourra se tenir à partir du 1er octobre. 
		 - Grâce à notre site internet, nous favorisons l'accès au droit et nous faisons uvre de justice. Mais nous accomplissons cette mission de service public dans des conditions matérielles totalement inacceptables, avec des soutiens financiers insuffisants. Alors, nous nous interrogeons : Nombre d'entreprises, publiques ou privées ont été la cible du terrorisme, nous avons pris en charge leur personnel, leurs clients, leurs usagers. Leur soutien n'est pas à la hauteur. Elles invoquent la responsabilité de l'Etat, il y va de la responsabilité de chacun. La gestion des crises, des catastrophes, des accidents 
		collectifs et des actes de terrorisme ne relève plus de l'exceptionnel 
		mais du quotidien.  M. le Premier Ministre, la création d'une Fondation nous permettrait de nous inscrire dans la durée. Nous ne pouvons plus mener nos actions en étant confrontés de façon permanente à la précarité. La prise en charge des victimes relève des attributions 
		de plusieurs ministères, de plusieurs structures qui se concurrencent. 
		Nous devons travailler ensemble dans le cadre d'une gestion plus rationnelle, 
		plus souple, transversale, plus adaptée aux situations les plus 
		imprévisibles, sans perte d'énergie, sans gaspillage, en 
		organisant des retours d'expérience et en explorant de nouvelles 
		pistes de réflexion avec l'ensemble des acteurs concernés 
		dans l'intérêt des victimes. Aujourd'hui, la question, au plus haut niveau de la République, n'est plus de se demander jusqu'où l'on peut aider des victimes. La question est de bien mesurer l'enjeu. La guerre classique n'est plus à l'ordre du jour. Le premier des défis que nous devons relever est 
		la menace, bien réelle, de la destruction de nos sociétés 
		au travers du terrorisme de masse. Ce qui inverse les perspectives est de savoir comment, très rapidement, tirer de l'expérience de S.O.S. ATTENTATS, des points d'appui novateurs pour la stabilité de notre société et pour consolider le corps social. En conclusion, M. le Premier Ministre, ne vous y trompez 
		pas : notre discours ne se situe pas dans le registre de la demande sur 
		le mode : " un peu de moyens, s'il vous plaît ".  Merci à tous.  |