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	   Lutte contre l'oubli Discours prononcé par Madame 
		Nicole Guedj, Je suis profondément troublée et émue de l'honneur qui m'est fait de présider les cérémonies qui se tiennent autour de ce mémorial, mais aussi de la confiance que vous m'accordez. Vous le savez, car j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire, le secrétariat d'Etat dont j'ai la charge est le vôtre, il est dédié aux victimes, à leur accompagnement, à leur soutien, et destiné à relayer votre voix au plus haut niveau de l'Etat. Il est aussi symptomatique de la prise de conscience du personnel politique, et au premier rang desquels le Premier Ministre et le Président de la République, de ce que tout n'a pas encore été fait pour les victimes. Vous avez indiqué, Madame, que de nombreuses avancées 
		avaient été faites en matière d'indemnisation, de 
		procédure et de construction européenne judiciaire.  Je voudrais tout d'abord vous rassurer: je ne suis pas 
		de ceux, ou de celles, qui estiment que la justice doit n'exister que 
		pour sanctionner les coupables.  Alors d'évidence, il y a encore énormément 
		à faire
 et cela me conforte dans la nécessité 
		et la pertinence de ce secrétariat d'Etat: dans le champ de l'accès 
		à la justice, dans celui de la lutte contre l'immunité et 
		contre l'impunité, dans celui encore, de la recherche d'une meilleure 
		coopération judiciaire internationale. La création d'Eurojust, l'institution d'un mandat d'arrêt européen, même s'il est encore en "rodage", les réflexions actuelles sur la mise en place d'un parquet européen, ainsi que les ramifications du réseau judiciaire européen dont font notamment partie les magistrats de liaison, laissent augurer une meilleure coordination des efforts et une amélioration de la collaboration entre les justices des pays européens. A l'échelle internationale aussi, des perspectives de travail commun sont ouvertes: j'étais récemment en Amérique du Nord où j'ai rencontré Irwin COTLER, le ministre de la Justice du Canada. A l'occasion d'un entretien bilatéral, il m'a confirmé que la lutte contre le terrorisme constitue une de nos causes communes et que nous pouvions compter sur son engagement personnel pour mettre tout en uvre au service d'une coopération sans faille entre nos deux pays. En ce qui concerne la justice, rien ne va jamais assez vite et j'en suis parfaitement consciente. Mais je crois sincèrement qu'il y a matière à espérer une meilleure efficacité de la lutte contre le terrorisme et de la réponse judiciaire qui lui est apportée, car les volontés politiques sont véritablement tournées vers cet objectif. Je m'engage pour ma part à vos côtés 
		pour rappeler vos attentes et votre légitime impatience, de même 
		que pour étudier avec la plus grande attention toutes les propositions 
		que vous formulez, que ce soit sur le plan national ou international. Dans un autre registre, vous mentionniez également 
		dans votre discours le devoir de mémoire que nous avons à 
		l'égard de ceux qui sont tombés. Mais le devoir de mémoire, c'est aussi rappeler 
		à tous ce qu'est le terrorisme.  C'est pour cela que je vous rejoins sur cette conviction 
		qu'il faut tout faire pour mettre en uvre les mandats d'arrêts 
		internationaux et poursuivre avec la plus grande détermination 
		les auteurs à travers le monde.  Vous m'avez fait l'honneur, madame, de me faire la dépositaire 
		de beaucoup de vos espoirs. C'est une lourde responsabilité que 
		j'accepte et que je suis décidée à assumer. Dans l'ouvrage que S.O.S. Attentats a publié sur le thème "terrorisme, victimes et responsabilité pénale internationale", un des auteurs cite John DONNE: "Nul homme n'est une île complète en elle-même; chaque homme est un morceau du continent, un morceau de l'ensemble La mort de chaque homme me diminue, car je suis impliqué dans l'humanité N'envoie donc jamais demander pour qui sonne la cloche: elle sonne pour toi". Cette cloche, elle sonne pour moi aussi et c'est pour cette raison que mon énergie, et mon cur, vous sont dévoués. Merci.  |