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	  Lutte contre l'oubli 19 septembre 2006 Françoise Rudetzki Fondatrice et déléguée générale de S.O.S. Attentats 
 Monsieur le Premier Ministre, Mesdames, Messieurs, Chers amis Devant ce monument que nous avons fait ériger en 1998 à la mémoire de toutes les victimes du terrorisme, nous nous réunissons chaque année afin de perpétuer le souvenir de celles et de ceux qui ont perdu la vie au nom de la plus injuste et lâche des violences. Cette cérémonie symbolise notre volonté de lutter contre l’oubli, notre solidarité et notre mobilisation auprès des populations civiles, enfants, femmes et hommes qui souffrent. Aussi, Monsieur le Premier ministre, nous tenons à vous remercier vivement de votre présence parmi nous qui témoigne de la reconnaissance et du respect de la France à l'égard des victimes du terrorisme. Nous remercions également : Monsieur Hamlaoui MEKACHERA, Ministre délégué aux Anciens combattants, Les ambassadeurs des Etats-Unis, d'Espagne, de Grande-Bretagne, du Canada, de Suisse, de Suède, de Malte, de Hongrie, d'Arabie Saoudite, d'Ouzbekistan et les représentants des ambassadeurs de Russie, de Belgique, d'Autriche, de Colombie, de Léttonie. et de Slovaquie. Le Gouverneur Militaire de Paris, le Gouverneur des Invalides, le Directeur de l'INI, le commandement militaire des Invalides, les représentants, des Ministères de la Justice, des affaires étrangères, de l'Intérieur, de la Mairie de Paris et du Préfet de police de Paris Merci à la Mairie de Paris, aux élus, cultes, magistrats, policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers, médecins, avocats, à l'ONAC, au Fonds de garantie, à la RATP, à la SNCF, et aux associations amies d'Anciens Combattants, des Enfants de Beslam, du MPCT et d'Ensembles contre la peine de mort. Merci également à vous tous qui vous associez à notre cérémonie annuelle prouvant ainsi votre attachement à la cause que nous défendons. Il y a 20 ans, Paris était durement affecté par des attentats ou des tentatives d’attentats : aux Galeries Lafayette et au Printemps, à la Galerie du Claridge, à la Tour Eiffel, à la Brigade de répression du banditisme, à la librairie Gibert Jeune, à la FNAC, contre le TGV, à la Galerie Point Show, dans le RER, à la station Châtelet et à la station Gare de Lyon, au bureau de Poste de l'Hôtel de Ville de Paris, à la cafétéria Casino à la Défense, au Pub Renault, à la Préfecture de Police de Paris, et rue de Rennes le 17 septembre 1986. Nous avons déploré 15 morts et plus de 300 blessés. Aujourd’hui nous voulons rendre particulièrement hommage au commissaire Marcel BASDEVANT, à Victor Gereiche, Nabil Dagher, Marguerite Tuault, Jean-Louis Breteau, Bernard Gauthier, Dimitri Palamas, Amil MAMADALI, Linda MEDIONI, Michèle PEYRAT, Moktar TAHIRALI, Claudie BERAL, René BASTONG, Audrey BENGHOZI, morts dans ces attentats, à Claire Le MORVAN décédée des suites de ses blessures ainsi qu'à Georges BESSE assassiné le 17 novembre 1986. Il y a 20 ans également, quatre journalistes français Philippe Rochot, Georges Hansen, Aurel Cornéa et Jean-Jouis Normandin étaient pris en otage au Liban, rejoignant ainsi les Français enlevés en 1985. Nous avons une pensée pour Michel Seurat mort en détention et dont le corps a été rapatrié cette année. Et puis, il y a bientôt 10 ans, le 3 décembre 1996, quatre personnes étaient tuées à la station du RER Port-Royal : Mohammed BENCHAOU, Lucien DEWAMBEZ, Youness NAIT SLIMANE, Hélène VIEL STONEBANKS et plus de 200 personnes furent blessées lors de cet attentat qui n'a jamais été élucidé. Il y a 20 ans, le 24 janvier 1986, S.O.S. Attentats fut créée. En dépit des souffrances et du chagrin, les victimes ont eu la force de se regrouper afin de rompre le silence et l’anonymat dans lesquels l'Etat aurait souhaité les cantonner. Dès cet instant, nous avons réclamé des  droits et demandé justice dans le plein respect de nos principes démocratiques  et des droits de l’homme. Nous voulions retrouver notre dignité.  Depuis, 3 322 victimes de 559 actes de terrorisme commis en France ou en territoire étranger ont été indemnisées. Malgré cet acte de solidarité, plus de 3 000 vies ont basculé. Des familles entières ont été brisées. De nombreuses victimes blessées dans les années 80 voient leur état de santé se dégrader au fil des jours. La réparation ne se limite pas à l’indemnisation, il est absolument nécessaire de mettre en place des mesures concrètes, effectives et efficaces de réinsertion sociales et professionnelles pour les victimes du terrorisme qui en ont besoin. Nombreuses sont celles qui, du jour au lendemain, ont sombré dans une vie qu'elles n'ont pas choisi, par manque de ressources, une carrière professionnelle sans issue, du fait d'un acte motivé par des causes qui leur sont totalement étrangères, et dont la responsabilité échoit à l'Etat. Dans ce domaine, Monsieur le Premier ministre, beaucoup reste à faire, beaucoup reste à inventer et à construire, et nous comptons sur vous pour concrétiser des réformes propres à une pleine réparation du préjudice injustement subi par les victimes d'actes de terrorisme. Par-delà, l'indemnisation et la prise en charge, la tenue d'un procès pénal est aussi un élément essentiel à la reconstruction des victimes. Et, nous sommes convaincus que, dans le domaine du terrorisme, il faut absolument mettre fin à l'impunité. Or, en dépit du travail accompli par les magistrats et la police, la plupart des actes de terrorisme restent impunis et les victimes sont trop souvent privées de procès. En France, les victimes du détournement de l'Airbus, de Port-Royal attendent depuis 10 ans que justice leur soit rendue. Celles de la rue des Rosiers, de la synagogue de la rue Copernic, de la rue Marbeuf, du Capitole, de Tain l’Hermitage, de la Gare Saint Charles attendent depuis plus de 20 ans… Les auteurs principaux des attentats de  1986 n'ont été condamnés que par contumace. Selon le Procureur de la  République, l’ombre de l’Iran a plané sur cette vague d’attentats et la justice  française a imputé ces actes au Hezbollah. Les otages français, victimes du Hezbollah n'obtiendront jamais justice les crimes étant aujourd'hui prescrits. Les victimes de l’attentat commis il y a aujourd’hui 17 ans contre le DC 10 de la compagnie UTA ont pu, grâce à votre mobilisation, Monsieur le Premier ministre, alors que vous étiez ministre des Affaires étrangères, obtenir réparation ; pour autant, la condamnation par la Cour d’assises de Paris de six citoyens libyens est restée lettre morte et la justice n'a pas eu le dernier mot, les considérations politiques et diplomatiques l'emportant sur les décisions de justice… Par ailleurs, les victimes françaises  des actes commis à l’étranger que ce soit à Karachi, à Djerba, à Casablanca, en  Turquie, à Bagdad ou ailleurs ne sont pas tenues informées du déroulement des procédures  étrangères. Les auteurs de l’attentat de Bali qui a causé la mort de 202  victimes en 2002 ont bénéficié, cet été, en Indonésie, de remises de peine ou  ont été graciés après avoir été condamnés à la peine de mort.  De la même façon, face au défi quotidien que constitue le terrorisme, confrontés aux menaces d'Al Quaïda, la coopération policière et judiciaire doit encore être améliorée tout en veillant toujours au respect d'un juste équilibre entre le souci de protéger les citoyens d'attaques terroristes et celui de ne pas entraver nos droits fondamentaux. La coopération européenne et internationale en matière de prévention a permis, le 10 août, d’éviter plusieurs attentats contre des avions de ligne au départ de Londres. De même en France, ces derniers mois, plusieurs attentats qui se seraient avérés majeurs ont pu être déjoués. Mais il a fallu les attentats de Madrid en 2004 puis ceux de Londres en 2005 pour que le mandat d’arrêt européen, mis en place après les attentats du 11 septembre, devienne effectif. Ce n’est qu’à la suite des attentats de Londres que la Grande-Bretagne a accepté d’extrader Rachid Ramda, 10 ans après les attentats commis en France en 1995. Face à la mondialisation du terrorisme, à sa quasi-banalisation, et à la détermination affichée par les Etats de lutter contre cette méthode de combat illégale, lorsque la prévention a échoué, la coopération judiciaire interétatique doit permettre de poursuivre, arrêter, juger, sanctionner, tous les responsables, auteurs, commanditaires et financiers, quelles que soient leur qualité ou leur fonction officielle. C’est dans cet esprit que S.O.S. Attentats est partie civile, aux côtés des victimes, dans les procédures criminelles ouvertes en France, et que notre association est présente aussi dans les procédures délictuelles à l'encontre de ceux qui préparent des actes de terrorisme. Nous souhaitons permettre à toutes les victimes du terrorisme, quelle que soit leur nationalité, le lieu ou le contexte de l'attentat qu'elles ont subi, de bénéficier d'une même indemnisation et d'un accès égal à la justice. C'est pourquoi, nous plaidons sans relâche, particulièrement auprès de l'Europe et l'ONU où S.O.S. Attentats dispose d'un statut consultatif, pour la création d'un Fonds européen et international d'indemnisation et pour que la Cour pénale internationale soit reconnue compétente en matière de crimes de terrorisme. Le combat contre le terrorisme nous concerne tous. 5 ans après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, la lutte contre le terrorisme est devenue prioritaire pour les Etats, mais elle est aussi de la responsabilité de chacun. Nul est à l'abri de la menace. Monsieur le Premier ministre, votre Gouvernement soutient S.O.S. Attentats pour mener tous ces combats, et nous vous en remercions. Mais, confrontés à la menace permanente, il est indispensable que cette aide se pérennise afin que nous puissions continuer nos actions au service de toutes les victimes. Je vous remercie.  |